vendredi 27 avril 2012

Le choix d’un chemin de recherche


Pour en finir avec la polémique opposant une pseudo-efficacité de la matière à une pseudo-stérilité de l’esprit, je ferais appel à Jung qui résume ainsi le problème :
La vie est sens et non sens. 
J'ai l'espoir anxieux que le sens remportera la bataille. 
C.G.Jung 1875-1961



La vie est un éternel recommencement, choisir est l’acte du (re)commencement. Mais choisir c’est abandonner, croit-on, une voie en donnant « l’avantage » à l’autre… C’est ce que nous imaginons tant que nous n’avons pas fait le choix de l’engagement sacré[1].
Si vivre c’est osciller, entre Est et Ouest, entre Sud et Nord, entre Zénith et Nadir, de même notre vie intérieure oscille. La différence est dans la prise de conscience de cette oscillation. Lorsque nous nous engageons dans la descente vers la vie de l’esprit nous prenons conscience des conséquences de nos choix. Et dès lors, nous acceptons d’en prendre la responsabilité.

Consciemment ou non, nous décidons d'entrer dans telle ou telle « organisation ».  Progressivement, nous nous rendons compte que notre choix est judicieux ou… catastrophique, qu’il correspond à notre recherche ou qu’il est totalement « dévoyé » c'est-à-dire qu’il nous met « hors-la-voie » que nous avons cru choisir. Nous restons, nous partons. En cheminant d’une organisation à une autre, nous pouvons osciller éternellement entre vie profane et vie sacrée, entre vie de travail collectif et vie de travail solitaire, entre vie sociale et vie monacale, entre humanisme et hermétisme. Certains pensent qu’il faut choisir « son camp », qu’on ne peut pratiquer l’humanisme sans abandonner l’hermétisme, certains pensent même qu’on entre en chez les « égyptiens » pour pratiquer l’hermétisme en oubliant l’humanisme ! Ceux-là confondent le but et les moyens…

Mais d’autres voient plus loin et savent que quelque soit le rayon de la roue emprunté, il mène au centre. Quelque soit la face de la pyramide, l’ascension mène au sommet : à condition d’être sincère dans sa démarche, constant dans sa recherche et éclairé par la chance que je nommerai ici « la grâce ».

Il me semble qu’hermétisme et humanisme sont les deux pôles, les deux oscillations de l’engagement possible dans sa vie intérieure. Que faut-il attendre de l’hermétisme si nous ne matérialisons pas nos découvertes dans le monde ? Que faut-il attendre de l’humanisme si nous ne comprenons pas comment et pourquoi nous le faisons ?

Etant résolument tourné vers la recherche intérieure, nous aborderons plus logiquement l’hermétisme que l’humanisme. Et avant tout nous parlerons… d’engagement en hermétisme. De nos jours, l’injonction à rester « fermée », « hermétiquement close » pose un problème évident aux membres des organisations dites "égyptiennes". Comment allier l’art ésotérique à la nécessité de s’ouvrir au monde ? La porosité entre les mondes, engendrée par cette injonction, provoque erreurs d’appréciation et mélanges de genres. Cela rend l’ordre et la rigueur du travail encore plus nécessaires et pertinents.


Revenons à la sémantique, Hermès nous attend. Hermétique comme le cercle, les rites égyptiens le sont et doivent le rester mais doivent-ils aussi rester occultes ? La réponse est en nous. Pour garder un minimum de cohérence disons que l'hermétisme est un ésotérisme, ou une spiritualité en quête du salut, qui  suppose la connaissance analogique du cosmos. « Etre sauvé »[2] passe par la connaissance : il faut se connaître pour se re-connaître comme "étant fait de vie et de lumière[3]», comme Dieu, en tant qu'intellect. 

L’hermétisme constitue une contemplation (une vie avec et dans le Temple), c’est en cela qu’il s’oppose à l’humanisme qui lui, aspire à l’action (hors du Temple). Mais d'un autre côté, hermétisme et humanisme veulent tous deux concourir à l’avènement du Bien, en sa "beauté impérissable, incompréhensible[4]». La déviance serait donc la pratique du Mal. Et l’inversion majeure serait la pratique du Mal au nom du Bien.  Remarquons que si la première guette les profanes, la seconde abonderait plus volontiers chez les initiés qu'ils pratiquent l'hermétisme ou l'humanisme...





[1] Le sacré est une notion d'anthropologie permettant à une société humaine de créer une séparation entre les différents éléments qui composent son monde : objets, actes, espaces, parties du corps, valeurs etc... Le sacré désigne donc ce qui est en dehors des choses banales, ordinaires, communes. Il s'oppose essentiellement au profane, mais aussi à l'utilitaire. (Définition wikipédia).
[2] Ce "salut" suppose d'être sauvé de soi-même d'abord !...
[3]Corpus herméticum
[4]Idem.



2 commentaires:

  1. Super cet article! L'humanisme ne peut croître dans une société que si chacun de ses membres développe en soi, dans sa "tour d'y voir", ce qui en lui est le plus vivant, le plus original, le plus authentique. Nous empruntons forcément chacun notre chemin, en-dehors des sentiers battus. Ces chemins tous différents, loin de nous égarer, rejoignent tous le même puissant courant, subtilement! Il faut être soi, ou du moins tendre à l'être, pour être utile aux autres, pour être humaniste!
    A la prochaine!

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    1. Bonsoir Michelle, je repasse ici ce soir car j'ai trouvé l'autre jour votre message et je voulais prendre le temps de réagir : votre mot c'est comme des retrouvailles avec une vieille amie :) Même si "l'humanisme" dans notre société me semble galvaudé et ne signifie plus grand chose, votre réflexion me conforte dans le fait que rien n'est perdu tant qu'on a le courage de lever la tête et qu'un oiseau se met à chanter.Revenez aussi souvent que vous le souhaitez chanter à cette fenêtre.

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