« Le Monde est ce que nous sommes. Les mutations
fondamentales ne peuvent aboutir qu'au prix d'une transformation de la
conscience individuelle »
Jiddhu Krishnamurti
Jiddhu Krishnamurti
Nous planchons ce soir sur un
sujet à priori anodin qui concerne un symbole que nous mettons en œuvre régulièrement sans nous demander forcément ce qu'il signifie ? Déambuler signifie : marcher, se promener sans but précis.
Avons-nous un but précis dans cette déambulation circulaire ? Cette
manière de "tourner en rond" a-t-elle un sens ? Quel est-il ? Pourquoi ce sujet, ce soir ?
Il n’y a pas de but précis à la déambulation, si l'on considère qu'il
s’agit de respecter une manière de faire, mais il y a une raison à ce fait si nous considérons qu’il s’agit
d’accéder à une manière d’être... Déambuler en loge est codifié et cette
codification possède un sens, nous le sentons intuitivement. A observer la
rigueur avec laquelle chacun s’applique, en entrant dans le Temple, à respecter
la règle de déambulation dextrogyre, sans jamais revenir en arrière, sans
doute avons-nous tous perçu (sinon compris) qu’il y a dans l'observation
scrupuleuse de cette règle quelque chose
d’important pour la suite de notre recherche.
Cette déambulation de gauche à
droite est un chemin que nous essayons tous de tracer avec conscience et
respect. Lorsque nous nous en éloignons, nous ressentons bien que les forces du
chaos ne sont jamais bien loin, ni bien longues à réinvestir le terrain... Ceci
est d’ailleurs valable pour toutes les règles de vie en chambre sèche !
Labyrinthe de la cathédrale de Chartres
Au premier et second degré des rites égyptiens, nous déambulons de gauche à droite, sans jamais déroger à la règle. [1] Pourquoi ? En imaginant notre main droite posée sur l’axe central imaginaire de la loge, nous observons que nous tournons comme une vis en nous enfonçant dans le sol... Si nous nous souvenons du symbolisme alchimique nous comprenons que nous sommes là dans l’œuvre au noir : « Visite l’intérieur de la Terre et tu trouveras la pierre cachée ».
Nous naissons, nous vivons, nous
mourrons.
La vie est bien toute entière simulée dans cette déambulation à l’intérieur de nos
ténèbres. Vivre est un chemin que chacun
trace, croit-on, comme bon lui semble. Il s’agit d’exercer notre libre-arbitre.
A bien y regarder sommes-nous certains d’être libre sur ce chemin ?
Krisnamurti dit « La Vérité est un
pays sans chemin. Son accès ne passe par aucune religion, aucune philosophie,
aucune doctrine établies ». Il signifie par là que la Vérité se trouve
là où on ne l’attend pas : à l’intérieur de nous même et non dans les
règles qui nous sont dictées et que nous avons, par faiblesse ou par paresse,
tendance à respecter aveuglément. Si la Vérité est à l’intérieur de nous-mêmes,
encore faut-il pouvoir et vouloir aller la chercher. C’est bien là le travail
du Maçon : inlassablement tailler sa pierre, quitte à aller au plus
profond des enfers la chercher et... l’extraire.
Krisnamurti dit aussi « le monde est ce que nous sommes. Les
mutations fondamentales ne peuvent aboutir qu’au prix d’une transformation de
la conscience individuelle ». Si nous avons pris conscience que chaque
entrée en loge est une offre, pour notre moi intérieur, de descendre en nous-mêmes,
peut être vivrons-nous plus consciemment ce que nous venons chercher dans cette assemblée. Il ne s’agit pas de faire les choses parce qu’elles nous sont
intimées, il s’agit de comprendre pourquoi nous faisons ces choses ? Si
possible avant de les faire. Nous avons récemment vécu des évènements
qui ont illustré à quel point la force de l’habitude est difficile à rompre. La
vie en loge est productrice d’habitude mais, si nous ouvrons bien les yeux, le rituel nous amène toujours à
l’essentiel : c’est en soi qu’il faut descendre pour trouver notre vérité.
Comme outils de perfectionnement,
l’habitude et la répétition possèdent des qualités, néanmoins faire les choses
par habitude et les répéter lorsqu’on qu’on ne se pose plus la question de leur
sens, mène au plus grand désastre.
Très codifiée dans les rites égyptiens, la
déambulation nous offre des clés pour comprendre ce que nous faisons réellement
en Maçonnerie. Il ne faut pas confondre codification et habitude. La
codification ramène au sens, l’habitude en éloigne.
Le prix de la
transformation de notre conscience individuelle est de refuser de
s’appuyer sur le confort de l’habitude pour travailler à notre mutation
intérieure. Les portes de notre mutation intérieure nous sont ouvertes par les
symboles.Alors, chaque fois que nous nous enfoncerons
dans la terre à la recherche de notre pierre, chaque fois que nous déambulerons
en loge, rappelons-nous qu’il s’agit d’abord de descendre en nous-mêmes à la
recherche de notre conscience.
La qualité des Maîtres et des futurs Maîtres comme
celles des décisions qu’ils auront a prendre en dépend. Autrement dit, la
vérité du travail collectif d'une loge est liée à la pratique respectueuse et
consciente du rite.
Circumambulation autour de la Kaa'ba
[1] Remarquons simplement que seul le
Maître de Cérémonie peut y échapper.
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