vendredi 23 août 2013

Le monde moderne a-t-il galvaudé l'Amour ?




C'est avec la logique que nous prouvons 
mais avec l'intuition que nous trouvons.
Raymond Poincaré.


La vie devrait apprendre à expérimenter l’amour comme une chance et non comme un risque.
Depuis que vous avez accepté de me recevoir chez vous, je me dis que j’aurais dû tenter l’aventure bien plus tôt. Néanmoins comme je ne crois plus au hasard, je pense que l’on n’attend pas 26 ans avant de passer au travail en équipe, sans raison.
Peur ou prudence extrême de ma part ? Le fait est que je n’ai pu passer à l’acte qu’après avoir eu l’impression de « maîtriser» le sujet. Ce que j’ai découvert en passant la porte, c’est que si mon intellect se faisait un devoir de « maîtriser le sujet », mon cœur avait besoin de sentir qu’il était attendu et d’ores et déjà « aimé ». Ironie des faits, une fois la porte passée, j’ai compris que le «risque »était dans ma tête.
Certains d’entre vous n’ont cessé de me dire que j’étais trop «intello» en essayant de me faire comprendre que cela nuisait à l’ouverture de mon cœur. D’autres ont tenté de me consoler de ces remarques parfois douloureuses. Aujourd’hui, je remercie ceux qui m’ont infligés les douloureuses remarques et je suis de tout «cœur» avec ceux qui m‘ont accordé leur compassion. Sans les uns, je n’aurai peut être pas continué à polir ma pierre et sans les autres je me serais simplement recroquevillée sur ma pierre brute.

En acceptant cette réflexion sur soi, nous sommes confortés dans la pensée que le secret réside bien dans l’accouchement de l’âme. Un passage du Moi au Soi. Ce passage est difficile parce qu’entre l’âme et le corps se joue le même drame qu’entre intuition et raison. Toutes deux sont liées à la vie, à la mort.
L’amour est une intuition et c’est le cœur qui abrite sa capacité à se matérialiser. L’amour est le moteur de l’action. L’amour est créateur d’énergie. C’est bien l’âme qui anime le corps et non l’inverse. Cessez de vous sentir aimé et soudain tout vous semblera plus difficile à réaliser.

Contrairement à une idée assez répandue, l’amour n’est pas seulement émotion, il est notre âme, notre être véritable. Cessons d’aimer et nous voilà limité à l’apparence. Réapprenons à aimer et nous voilà rempli de la profondeur du souffle.
Prendre conscience que la logique de l’amour est de nous mettre face à nous même est un long travail. Il ne s’agit pas d’aimer sans se laisser aimer. Il ne s’agit pas de se laisser aimer sans aimer.

Aimer est une totalité. Il n’y a pas de don sans acceptation du don et inversement. Pour une raison qui m’échappe encore, nous sommes rétifs à cette évidence. Depuis peu, sans doute grâce à l’ensemble de nos travaux, cette question de la prise de conscience de l’universalité de l’amour s’est faite plus impérieuse en moi.
En début d’été, comme il n’y a pas de hasard, j’ai passé l’été à méditer le sujet. Méditer, dans ce cas précis, je peux employer ce mot. Lui aussi, je le regarde, je l’examine depuis des années et je n’ai jamais eu la sensation de le comprendre vraiment. En réfléchissant aux liens entre Vie et Amour, on peut percevoir ce que méditer implique. Je ne crois pas que l’on puisse apprendre à méditer comme on apprend à réfléchir. Méditer est un état de conscience. Un état qui se vit. Impossible de comprendre ce mot sans le vivre.

De même, il est impossible de comprendre ce qu’est l’amour si on ne le vit pas. La similarité entre amour et méditation c’est qu’il suffit de se laisser envahir. Inutile d’attendre l’amour comme un cadeau venant de l’extérieur, il est un état d’être intérieur. Un état d’acceptation et d’émission.

Trop souvent nous percevons l’amour comme un parasite qui se développe à l’intérieur de notre être. Au lieu de nous laisser «imbiber»,nous résistons à sa colonisation. Ce combat intérieur est générateur de véritables drames.

Hasard supplémentaire, cet été, j’ai dû tenter d’expliquer à ma fille de 17 ans, ce qu’est l’amour. L’amour à 17 ans, à 50 ou à 80… exercice délicat mais formateur à tout âge. Toute tentative de définition limitant le sujet, il a fallu expliquer que : par définition, l’amour n’a pas de limite. L’amour est infini. S’il doit être fini, ce n’est pas de l’amour. C’est peut être un sentiment, une émotion mais ce n’est pas de l’amour. Par définition, l’amour est infini. Et nous, être humain, nous sommes par définition finis. Cela donne une faible idée du trajet qu’il faut parcourir pour connecter l’humain à l’amour c'est à dire à la Paix intérieure… C’est un peu comme mélanger l’huile et l’eau : un état difficile à obtenir et jamais stable. Comment rendre miscible deux éléments qui ne le sont pas ?

Ce qui rend possible l’impossible, c’est ce que nous appelons « le cœur ». Lui seul est capable de connecter le fini à l’infini. Le cœur est le siège de l’amour parce que l’amour n’a pas besoin de passer par le filtre du cerveau pour être pratiqué et compris. En d’autres termes, le cerveau est à la raison ce que le cœur est à l’amour : un hébergeur matériel d’un hôte immatériel.

Le cœur est un outil. C’est avec lui que nous ressentons l’amour ou son absence. Il n’est pas besoin de mots pour que X perçoive qu’il est aimé et qu’Y sache qu’il ne l’est pas. Nous sommes là dans le domaine de l’intuition. La raison ne s’efface pas, elle cède son autorité évaluatrice à un autre outil que nous appelons« intuition ».

Chez les matérialistes purs et durs, l’intuition reste suspecte parce que cet« outil » est difficilement mesurable. L’efficacité de l’intuition est évident pour ceux qui ont fait l’expérience de manifestations phénoménologiques qui lui sont directement liées.
Inversement il que l'on assume de cuisantes déceptions pour avoir omis de tenir compte de certaines intuitions au motif … qu’il était déraisonnable de croire en notre intuition !
Méfiez vous de votre raison et acceptez de demander conseil à votre intuition.

Nous avons deux outils en nous et ils peuvent fonctionner à tour de rôle ou en complémentarité. Le cœur passe par la fulgurance de l’intuition là où la raison passe par le crible de l’intellect. Pourquoi nous limiter à utiliser l’un en excluant l’autre ?
La méditation du cœur est un moyen simple de passer outre les barrières de la conscience ordinaire pour découvrir un autre horizon que le matérialisme.
Le «raisonnable » relève du même risque de limitation : on n’ose même plus croire en soi (ou en Lui), en nos capacités inédites, en une autre manière de penser le monde et la vie. Pourtant, toutes les avancées majeures de l’humanité ont nécessité de l’audace pour sortir du «raisonnable».

J’en étais précisément là de mes réflexions lorsque j’ai pris le risque de rejoindre un groupe de réflexion, un "Think Tank" comme disent les immergés dans le monde moderne. 
Allons maintenant directement « au cœur » du sujet et parlons de l’intelligence... du cœur.
Ce que l'on peut en dire c’est que la complicité qui s’instaure lorsque les cœurs échangent dans l’intelligence de leur intimité est tellement vive et forte qu’elle est souvent associée à une émotion presque déstabilisante. 

La voie du cœur est un chemin simple, direct, libérateur, au bord duquel se cultive harmonie et tolérance. Mais il est difficile et compliqué de se maintenir dans l’exact milieu de son axe. Divaguer reste le lot commun à la plupart de ceux qui y cheminent. Et pour aider à pardonner les erreurs de l’autre comme nos propres erreurs, il est parfois nécessaire de quitter la route pour mieux y revenir. Le pardon fait parti intégrante de cette voie cardiaque. Si le sens de la Vie c'est Amour, on peut dire qu'il se manifeste par une capacité à témoigner de l’existence de l’Esprit dans un monde où la Matière règne en maître.

Symboliquement, on dit qu'il faut maîtriser le 4 pour retourner vers le 3, arrivé là on peut commencer à percevoir l’utilité du 2, lequel idéalement devrait nous permettre de rejoindre l’Unité. Sur ce long chemin, nous avons besoin de logique mais aussi d’intuition. Cette réflexion peut paraitre pure rhétorique, elle est pourtant vécue.
De retour d’un voyage en Orient, je réalise que j'ai fait une rencontre hors du commun qui contient, en enseignement sur la paix intérieure ce que des années de travail n’apportent pas. D’un point de vue karmique, cette rencontre était sans doute le véritable but de mon voyage.
En visitant un temple bouddhiste, j'ai fortuitement été mise en présence d'un vieux bonze qui a produit sur moi un effet extraordinaire. Nous avons tellement plus souvent l'habitude de rencontrer la colère et la méchanceté que lorsque nous rencontrons quelqu'un dont il émane douceur et amour, nous avons du mal à le nommer. C'est la première fois de ma vie que je rencontre quelqu'un qui m'impressionne à ce point. Devant cet être frêle, presque chétif, j’ai ressenti une réelle injonction au respect total.
Si je ne croyais pas aux forces du bien, je penserais que cet homme a été placé sur ma route pour me permettre d’en témoigner.
En le côtoyant, j'ai brutalement visualisé l'objectif des ordres monastiques qui passent leur temps à prier pour la paix dans le monde. Ce qui m’a le plus étonnée, c'est que j'ai senti que cela fonctionne bien au delà de ce que je peux comprendre. Cela m'a littéralement bouleversée.

Je crois que nous vivons dans un monde rempli de ténèbres et qu'il y a des êtres qui passent leur temps à allumer de petites lumières juste pour témoigner de l'existence d'une autre réalité. Etre simplement en leur présence est un bonheur et une chance. Maintenant encore, il me suffit de penser à ce moine pour retrouver la sérénité qui l'habite. La douceur de cette sensation est indicible. Aussi fou que cela puisse paraître, je crois que ces moines existent pour cultiver ce miracle dans le cœur de l'homme.

Bien évidemment, ceci est un credo et il faut avoir conscience que pour laisser parler en soi, de façon continue, la véritable intelligence du cœur, il faut aussi pratiquer longtemps cette capacité à témoigner de l'amour infini sans jamais se laisser déstabiliser par les sceptiques.
Le scepticisme, outil principal de la raison cartésienne, reste sans conteste l’obstacle majeur et volontaire à l’avènement de l’intelligence du cœur et de la paix. Il est aussi l’outil principal pour prémunir les esprits faibles contre les dérives sectaires.
C’est ainsi que les « adorants » deviennent souvent les plus intolérants et que les rationalistes les plus sceptiques finissent parfois en fervents adeptes de l’intuition… une autre façon de comprendre qu’en matière de cœur, l’essentiel n’est pas le but. L’essentiel est le chemin.

Le cœur n’a pas un but à atteindre, c'est un chemin escarpé que l'on doit pratiquer. Adeptes ou sceptiques, intuitifs ou rationalistes « que la Paix soit avec vous et avec votre esprit. Pardonnez nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés mais ne nous soumettez pas à la tentation et délivrez nous du mal… ».

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